La loi du 2 février 1995, dite loi Barnier,
relative au renforcement de la protection de l'environnement, et le
décret 96-388 du 10 mai 1996, pris pour application de l'article
2 de cette loi, ont permis, depuis 1997, l'organisation de six
débats publics sur les objectifs et les caractéristiques
principales des grandes opérations d'équipement d'intérêt
national pendant la phase de leur élaboration1.
La loi n° 2002-276 du 27 février
2002, relative à la démocratie de proximité et
le décret n°2002-1275 du 22 octobre 2002 relatif à
l'organisation du débat
public2 et à la
Commission nationale du débat public ont modifié le
champ d'application et l'organisation du débat public.
Le rôle
de la Commission nationale du débat public (CNDP)
La loi du 27 février 2002 transforme la Commission nationale
du débat public (CNDP), créée en 1995 par la loi
" Barnier ", en autorité
administrative indépendante et
en élargit le champ de compétence.
La CNDP a pour mission de " veiller
au respect de la participation du public au processus d'élaboration
des projets d'aménagement ou d'équipement
d'intérêt national
de l'État, des collectivités territoriales, des établissements
publics et des personnes privées, relevant de catégories
d'opérations dont la liste est fixée par décret
en Conseil d'Etat, dès lors qu'ils présentent de forts
enjeux socio-économiques ou ont
des impacts significatifs sur l'environnement
ou l'aménagement du territoire
".
La participation du public peut prendre la forme d'un
débat public ; celui-ci porte sur l'opportunité, les objectifs
et les caractéristiques principales du projet. " La Commission
nationale du débat public, précise la loi, ne se prononce
pas sur le fond des projets qui lui sont soumis. " La participation
du public est assurée pendant toute la phase d'élaboration
d'un projet, depuis l'engagement des études préliminaires
jusqu'à la clôture de l'enquête publique.
La CNDP peut soit organiser elle même un débat
public (et dans ce cas, elle en confie l'animation à une commission
ad hoc, dite commission particulière du débat public -CPDP),
soit en confier l'organisation au maître d'ouvrage concerné,
sur la base de préconisations. Elle peut aussi estimer qu'un
débat public ne s'impose pas, mais recommander au maître
d'ouvrage l'organisation d'une concertation selon des modalités
qu'elle propose.
La CNDP veille au respect de bonnes conditions d'information
du public durant la phase de réalisation des projets dont elle
a été saisie jusqu'à la réception des équipements
et travaux. La CNDP a également pour mission d'émettre
tous avis et recommandations à caractère général
ou méthodologique de nature à favoriser et développer
la concertation avec le public
La composition
de la CNDP
La Commission nationale du débat public est composée de
vingt et un membres nommés
par décret pour cinq ans ou pour
la durée de leur mandat.
Outre son président et deux vice-présidents,
elle comprend : un député et un sénateur, six élus
locaux, un membre du Conseil d'État, un membre de la Cour de
cassation, un membre de la Cour des comptes, un membre du corps des
membres des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel,
deux représentants d'associations de protection de l'environnement
agréées exerçant leur activité sur l'ensemble
du territoire national, deux représentants des consommateurs
et des usagers, deux personnalités qualifiées, dont l'une
a exercé des fonctions de commissaire enquêteur.
La loi précise que " les membres de
la Commission nationale et des commissions particulières intéressés
à une opération à titre personnel ou en raison
de leurs fonctions ne peuvent participer à un débat ou
à une procédure de concertation se rapportant à
cette opération ".
Par décret du Président
de la République, Yves Mansillon
est, depuis le 5 septembre 2002 président de la Commission
nationale du débat public (CNDP)3
. Georges Mercadal4
et Philippe Marzolf5
en sont les vice-présidents.
L'organisation du débat public
Le maître d'ouvrage, précise la loi, adresse à la
Commission " un dossier
présentant les objectifs et les principales
caractéristiques du projet, ainsi
que les enjeux socio-économiques, le coût estimatif et
l'identification des impacts significatifs du projet sur l'environnement
ou l'aménagement du territoire ".
" Si la Commission estime qu'un débat
public est nécessaire, elle peut soit l'organiser elle-même
et, dans ce cas, elle en confie l'animation à
une commission particulière qu'elle constitue,
soit en confier l'organisation au maître d'ouvrage. Dans ce cas,
elle définit les modalités d'organisation du débat
et veille à son bon déroulement. "
"Les
dépenses relatives à l'organisation matérielle
d'un débat public sont à la charge du maître d'ouvrage.
En revanche, le coût des expertises complémentaires est
à la charge de la Commission nationale du débat public.
"
" La Commission nationale du débat
public établit et publie le calendrier de déroulement
du débat public, dont la durée
ne peut excéder quatre mois, celle-ci
pouvant être prolongée de deux mois par une décision
motivée de la Commission nationale du débat public. "
Les suites du
débat public
" Dans un délai de deux
mois à compter de la date de clôture du débat public,
le président de la Commission nationale du débat public
publie un compte rendu du débat
et en dresse le bilan. "
" L'acte par lequel
le maître d'ouvrage ou la personne publique responsable du projet
décide, après la publication du bilan du débat
public, du principe et des conditions de la poursuite du projet fait
l'objet d'une publication. La décision prise par l'État
ou la délibération d'un établissement public national
est publiée au Journal officiel de la République
française. (
) La décision prise par les personnes
privées fait l'objet d'une mention insérée en caractères
apparents dans un journal national et un journal diffusé dans
le ou les départements intéressés6.
"
Les autres débats publics
Lors de sa première réunion, le 7 novembre 2002, la nouvelle
CNDP a confirmé l'organisation, en 2002-2003, de trois nouveaux
débats publics sur trois projets : le bassin de soutien d'étiage
de Charlas (Haute-Garonne), l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
(Loire-Atlantique), la ligne électrique à très
haute tension entre Lyon et Chambéry (Isère et Savoie).
La Commission a également confirmé qu'elle organiserait
un débat public sur le projet de lignes électriques à
très haute tension entre la France et l'Espagne.
1- Six débats publics ont déjà
eu lieu depuis 1997 sur six projets : l'extension du port du Havre ;
la ligne électrique à très haute tension entre
Boutre et Carros (et Alpes-Maritimes) ; l'autoroute A32 (Metz-Nancy)
; la branche Sud du TGV Rhin-Rhône ; les contournements autoroutier
et ferroviaire de l'agglomération lyonnaise ; le projet d'extension
du port de Nice.
Une consultation a par ailleurs été organisée,
en 2001 par le président de la Commission nationale du débat
public, à la demande du gouvernement, sur le projet de nouveau
site aéroportuaire international (le " 3e aéroport
de la région parisienne ").
2- Journal Officiel n° 248 du 23 octobre 2002, page 17545.
3- Yves Mansillon était depuis
l'année 2000 en mission extraordinaire auprès du ministère
de l'Intérieur, chargé de l'évaluation des préfets.
Il a, en particulier, occupé les fonctions de commissaire de
la République du département de l'Aude, directeur de l'administration
territoriale et des affaires politiques au ministère de l'intérieur,
préfet de l'Ain, préfet de la Charente-Maritime, préfet
de la région Poitou-Charentes, préfet de la Vienne, préfet
de la région Bretagne, préfet d'Ille-et-Vilaine
4- Georges Mercadal est depuis deux ans vice-président du Conseil
général des Ponts-et-Chaussées, après avoir
été président de la section affaires scientifiques
et techniques du Conseil général des Ponts-et-Chaussées.
Ancien directeur général du CERAU (Centre d'Études
et de Recherches sur l'Aménagement Urbain), il a été
directeur général de la Société Anonyme
de Gestion des Eaux de Paris (SAGEP) et président de l'observatoire
régional du foncier en Ile-de-France.
5- Philippe Marzolf, diplômé de l'Institut d'éco-conseil
de Strasbourg, a été délégué général
de l'association Orée depuis sa création, en 1992, jusqu'en
2001. Il a également présidé jusqu'à une
date récente l'Association Française des Ecoconseillers.
En septembre 2001, il avait été nommé responsable
de la Mission Débat National sur les Risques Industriels, au
cabinet du ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement.
6- Décret du 22 octobre 2002, chapitre III,
article 11.